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Bureau des dépositions

Le Bureau des dépositions a pris forme en février 2018 au Patio, squat occupé par des personnes pour la plupart en situation de demande d’asile, depuis d’anciens locaux d’un laboratoire de recherche en droit, sur le campus de l’Université Grenoble Alpes à Saint Martin d’Hères. Le Bureau des dépositions existe depuis les relations entre plusieurs personnes qui habitent, fréquentent, plus ou moins régulièrement, le Patio, étudiant.e.s ou non, coiffeurs ou non, enseignant.e.s ou non, abonné.e.s au gaz ou non, chercheu.ses.rs ou non, artistes ou non.

Une première œuvre est créée entre février et juillet 2018, signée par le Bureau des dépositions, composée alors de 10 autrices et auteurs. L’œuvre, un recueil de textes écrits, s’intitule : Angle de transformations des politiques migratoires capitalistes et impérialistes (Editions Brouillon Général).

 

En 2019, les dix co-autrices, co-auteurs du Bureau des dépositions sont Mamadou Djouldé Baldé, Ben Moussa Bangoura, Laye Diakité, Mamadou Aliou Diallo, Pathé Diallo, Mamy Kaba, Ousmane Kouyaté, Sarah Mekdjian, Marie Moreau, Saâ Raphaël Moundekeno. Elles et ils sont accueilli.e.s en résidence au Centre national d’art contemporain de Grenoble : Magasin des horizons. Entre février et juin 2019, elles et ils créent une œuvre immatérielle, performative, processuelle et infinie, intitulée : Exercice de justice spéculative.

Exercice de justice spéculative est une performance où les dix co-autrices, co-auteurs, sur scène, lisent leurs textes et les remettent en jeu depuis des temps parlés, appelés aussi palabres ou assemblées.

Cette performance, activée à plusieurs reprises (Centre national d’art contemporain à Grenoble, Scène nationale de théâtre L’Hexagone, Université Grenoble Alpes…), repose sur un contrat de co-auctorialité et d’indivision entre l’ensemble des co-auteurs, co-autrices (oeuvre originale de collaboration, selon les termes du code de la propriété intellectuelle).

Des contrats sont également signés avec les institutions qui invitent la performance, ou invitent les co-autrices, co-auteurs à des résidences de recherche ou création. Ces contrats stipulent que si un des co-auteurs ne peut être physiquement avec les autres pour créer, chercher, performer, en raison de l’évolution de son statut administratif (expulsion, transfert, privation de liberté…), la performance ou la résidence ne peut avoir lieu.

Cette situation s’est déjà produite en mai 2019. Alors invités en résidence de création au Centre national d’art contemporain à Grenoble, deux co-auteurs ont été éloignés du territoire français contre leur gré pendant 90 jours, en raison de leur statut administratif. La résidence de création n’a pas pu avoir lieu à partir de l’expulsion des deux co-auteurs.

Les co-autrices, co-auteurs du Bureau des dépositions, avec le conseil d’une avocate au Barreau de Paris, Me Greig, travaillent au dépôt d’une requête juridique pour demander à un tribunal compétent qu’il constate les atteintes et entraves subies en raison de ces éloignements, notamment atteinte à intégrité de l’oeuvre, atteinte au droit de divulgation de l’oeuvre, entrave à la liberté de création artistique, à la liberté d’information.

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Exposition de la performance immatérielle

Théâtre midi minuit – juin 2019

Lussas – juillet 2019

Eve – Campus St Martin d’Hères février 2020

Hexagone scène nationale février 2020

à venir

Manifesta 13 (reportée) Parallèles du sud_Marseille

En Février 2020, le Centre National d’art Contemporain Magasin des Horizons invite l’ensemble des co-auteurs à renouveler leur résidence de création pour un an.

En Mars 2020 première étape de création à 35 co auteurs réunissants 25 musiciens improvisateurs-compositeurs et les 10 co autrices co auteurs du Bureau des dépositons pour créer une nouvelle œuvre performative « 35 co auteurs et co autrices ».

Co-production OARA, la MECA, Bordeaux / Conseil départemental de l’Isère.

Mai 2020, une nouvelle création est accuillie en co-production par les Subsistances à Lyon et le théâtre Grütli à Genève. Création 2020 2021.

Regard extérieur : Yan Duyvendak.

1.
Angle de transformations des politiques migratoires capitalistes et impérialistes

Recueil de lettres de dépositions qui font état des violences produites par les politiques migratoires.

La première version du Bureau des dépositions est un corpus de lettres écrites et signées par plusieurs co-auteurs co-autrices : Seigneur Essono, Mamy Kaba, Ousmane Kouyaté, Mustafa Aliou, Mamadou Algassime Bah, Mohamed Camara, Pierre Chomette, Sarah Mekdjian, Marie Moreau, Ozigbo Uyi. Ces lettres lèvent les responsabilités de ces violences et sont autant de pièces à conviction d’un procès à venir.

Juillet 2018.

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2.
Exercices de justice spéculative

Le Bureau des dépositions est “une œuvre performée, immatérielle, processuelle et infinie” réalisée par dix co-auteurices aux statuts administratifs différents, avec ou sans papiers.

C’est une œuvre de collaboration pour laquelle la participation de chacun.e est indissociable de l’œuvre elle-même. C’est aussi une “requête juridique en matière de contentieux du droit d’auteur”. Composée de textes et de paroles qui sont autant de pièces versées au dossier, l’œuvre est une archive vivante décrivant ses propres conditions d’existence comme celles des auteurices qui l’animent. Les membres du Bureau des dépositions réagissent collectivement à une situation de crise politique par une pratique de l’art qui fait alliance avec le droit afin de parer aux violences produites par les politiques migratoires des États de l’Union Européenne. »

 

Emilie Renard « Une position pour le Bureau des dépositions »
Publication La Criée – Centre d’art contemporain, revue Lili, la rozée, marimba, à paraître 2020

 

Performance 1h30 pour dix auteurs-performers

 

Fiche Technique

 

90 minutes
10 performers
espace scénique avec 10 chaises en arc de cercle ouvert, une table individuelle
sonorisation par deux micros : un micro sur pied, un micro posé sur la table.

 

Le public entre dans un pièce, une salle de spectacle, un hall… Il est invité à prendre place sur des bancs, sièges, gradins installés en arc de cercle. En prolongement de cet arc de cercle, dix chaises sont installées. Il reste un dernier tiers vide, sans sièges, seulement un micro. Un livret est distribué au public. Sur ce livret il est écrit : Bureau des dépositions, exercice de justice spéculative.

 

Dix personnes entrent, elle viennent s’asseoir sur les chaises vides.

 

L’une d’entre elle se lève et déclare : mon nom est Ousmane Kouyaté, je suis membre-co-auteur performeur de l’oeuvre « Bureau des dépositions ».

 

Les neufs autres personnes se lèvent à tour de rôle et se déclarent membre-co-auteur performeur de l’oeuvre « Bureau des dépositions ». La performance est ensuite composée de la présentation à l’audience-public des diverses atteintes aux liberté fondamentales à la création, à l’expression, à la documentation dont les co auteurs ont fait l’objet. Ils déclarent qu’il y a eu par la même atteinte à l’intégrité de leur œuvre du fait que certain d’entre eux ont été éloigné du territoire francias lors des résidences de créations au Magasin des horizons en mars et avril 2019. Il s’agit des seules adresses au public. Par la suite la lecture des lettres de dépositions se font au micro face au vide. Les témoins sont appeler par l’un des co-auteur greffier. Chaque lettre fait état et documente les violences produites par les politiques migratoires, colonialistes, impérialistes et extractivistes. Elles font aussi état des contrats et de la recherche en cours que nous menons pour oeuvrer aux limites du droit. Souvent, la lecture des lettres fait débat entre les co-auteurs performeurs. Ces « palabres » ou « pensées à découvert » nourrissent les désaccords entre co-auteurs et précise l’usage des mots qu’ils convoquent. Nous appelons palabre ces séquences dans leur sens d’une justice coutumière, nous pourrions aussi parler de Gacaca. Une dernière palabre clos la performance. Elle a pour sujet la justice. De quelle justice parle t’on ? Au vue des récits déposés au cours de cette performance, quelle justice attendons nous ? Attendons nous seulement la justice ? N’est-elle pas avant tout déjà une absence du aux manquement du droit? Quelles sont les formats de justice que nous connaissons, sont ils justes ? Que pensons nous lorsque nous déclarons une justice spéculative, qui acte depuis ce qui est déjà là et réclame le droit par le droit et en prenons soin de ce qui est déjà là.

 

Cette performance est une œuvre de l’art, elle est métaphorique et symbolique, néanmoins elle n’est pas fictive. Elle fait aussi l’objet d’une requête portée dans les tribunaux pour atteinte à l’intégrité de l’oeuvre et à nos droit fondamentaux d’expression et de création artistiques.

 

Aussi cette oeuvre-performance est en perpétuelle transformation, elle est donc processuelle (en procès) et nous la désirons infinie. Chacune de ces « expositions » aux publics est l’occasion pour nous de reprendre, préciser, amener de nouvelles pièces à convictions et transformer encore le réel.

 

« L’art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art » Robert Filliou.

 

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Juin 2019, Théâtre midi minuit, Grenoble

 

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Juin 2019, Lussas.

 

mars 202, Eve, Campus Universitaire, Saint Martin d’Hères

 

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Mars 2020, HExagone Scène nationale, Meylan

 

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Juin 2020, Manifesta Biennale Art contemporain, Théatre de l’oeuvre, Marseille

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Septembre 2020, Bordeaux

 

Octobre 2020, Manifesta Biennale Art contemporain, 3 bis F, Aix en Provence

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Octobre 2020, Manifesta Biennale Art contemporain, FRAC, Marseille.

3.
35 co-auteurs co-autrices

35 co-auteurs est une œuvre performative immatérielle signée par 35 co-auteurs, artistes musicien·ne·s, artistes plasticien·ne·s, chercheur·euse·s, danseur·se·s, livreur·se·s deliveroo, voyageur·se·s, poètes, toutes et tous auteur·e·s-performeur·se·s.

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Réunis pour la première fois avant les résidences de création, les co-auteurs du Bureau des Dépositions s’unissent aux artistes de musique contemporaine, l’Ensemble UN, pour réaliser une œuvre composée de paroles, de bruits, de sons, de silence, d’images, de corps, de vide et d’absence qui sont autant de pièces à conviction pour scénographier et archiver les conditions d’existence que produisent les politiques migratoires.

Performance d’auteurs

5 mars 2020 19h Magasin des horizons, Grenoble

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septembre 2020 MECA, Bordeaux

Janvier 2021 MECA, Bordeaux

4.
laabagôl fouss essudu gnahoret, sculpter le vide de la justice

Par le contrat, la dématérialisation des œuvres, la performance comme continuité vivante de nos gestes et intentions, le Bureau des dépositions entend renforcer ses liens de co-dépendances et de désirs face aux politiques migratoires qui tuent et laissent mourir.

Par le contrat, la dématérialisation des œuvres, la performance comme continuité vivante de nos gestes et intentions, le Bureau des dépositions entend renforcer ses liens de co-dépendances et de désirs face aux politiques migratoires qui tuent et laissent mourir.

Création aux limites du droit, de l’analyse de politiques migratoires impérialistes et libérales.

Co-autrices co-auteurs : Mamadou Djouldé Baldé, Ben Moussa Bangoura, Laye Diakité, Mamadou Aliou Diallo, Pathé Diallo, Mamy Kaba, Ousmane Kouyaté, Sarah Mekdjian, Marie Moreau, Saâ Raphaël Moundekeno.

Création 2020, 2021

avec Le Grutli, Genève et les subsistances, Lyon.

Sortie de résidence Octobre, Novembre 2020, Subsistances, Lyon.

Janvier 2021 Grutli, Genève.

 

 

Les auteurs et autrices

Ben Moussa Bengoura

Né le 27 octobre 1995
Moi, Ben Moussa, je suis guinéen, un pays situé dans l’Afrique de l’Ouest. Je suis en France depuis novembre 2017. Je suis demandeur d’asile, co-auteur de l’oeuvre performative Bureau des dépositions, militant du Patio à Saint Martin d’Hères et bénévole dans plusieurs associations comme La soupape café des enfants à Grenoble, au restaurant du cœur d’Echirolles et à La boutique solidaire d’Ile verte Point d’eau à Grenoble.

Aliou Diallo

Né le 06 mars 1999.

Je m’appelle Mamadou Aliou Diallo, j’ai fui mon pays en 2014 à cause d’une politique ethnique.

Je vis en France depuis 2017 et je cherche une demande de protection. Je suis co-auteur et performeur du Bureau des dépositions à Grenoble et partout où nous serons programmés et invités.

Ne laissez pas le passé vous posséder, posséder le passé et créer votre futur !

Mon numéro de téléphone : 07 53 65 08 02

Mamy Kaba

Né le 06.01.199…

Mamy Kaba est originaire d’Afrique de l’ouest, il est en France depuis 2017.

Il a de multiples identités: Demandeurs d’asile, co-auteur performeur de l’oeuvre Bureau des dépositions et artiste.

Il s’intéresse en particulier à la restitution du patrimoine africain et au droit environnemental ainsi qu’à la circulation des biens et des personnes sur les territoires.

Il est actuellement participant à l’Ecole du Magasin de horizons, CNAC de Grenoble

Saa Raphaël Moundekeno

Né le 10 octobre 1995 à Kindia (Guinée),
a fait des études et a obtenu son bac en 2016 en Guinée, coiffeur de métier, militant au collectif Patio solidaire, co-auteur et membre du Bureau des dépositions.

Pathé Diallo

Né le 28 février 1991 à Boké (Guinée),
a fait des études à Boké, ensuite à Sangarédi. Après les études, Pathé Diallo a fait du commerce pour ne pas rester assis. Arrivé en France en 2016, aujourd’hui demandeur d’asile, co-auteur et membre du Bureau des dépositions, militant au collectif Patio solidaire. Auteur de l’article « Flexibiliser le travail et produire des vies illégales » (Libération, 2 octobre 2019).

Laye Diakité

Né le 9 octobre 1999 à Conakry (Guinée).

A fait des études d’informatique à l’Institut Numtech (Conakry). Profession : maintenance informatique. Laye Diakité est co-auteur et membre du Bureau des dépositions, militant au collectif Patio Solidaire. 

Mamadou Djouldé Baldé

Né le 26 juin 1997 à Conakry (Guinée).

A fait des études de sociologie au centre Universitaire de Kindia. En plus d’être étudiant, Mamadou Djouldé Baldé connaît la boulangerie et la pâtisserie, a travaillé comme livreur pour un fabriquant de cigarettes. Mamadou Djouldé Baldé est co-auteur et membre du Bureau des dépositions, militant au collectif Patio solidaire. Il est candidat aux Ateliers des Horizons, Centre national d’Art contemporain de Grenoble.

Ousmane Kouyaté

Né le 01 juillet 1992, 
co-auteur performeur de l’oeuvre Bureau des dépositions et doctorant en sociologie au laboratoire PACTE, Université Grenoble Alpes, avec une bourse du programme PAUSE, Collège de France.

Sarah Mekdjian

Née le 24 août 1983,
enseignante-chercheure à l’UFR Arts et Sciences Humaines et au laboratoire PACTE, Université Grenoble Alpes, depuis 2010, co-autrice du Bureau des dépositions et de cet article paru dans Vacarme.